Chronique
Scorpions et Europe, en ont encore pour un moment
Le Zénith (Toulouse), France, Vendredi 4 décembre 2015
Nous nous approchons de la ville de Toulouse pour vivre une authentique soirée de hard rock et heavy metal au goût des années 80, ceci dit avec tout respect et comme fidèle épithète de ce qui nous y attendait. Il se peut que ces groupes aient vécu de meilleurs temps mais elles prennent du plaisir à jouer comme le premier jour.
Europe avait la difficile mission d'ouvrir la soirée, conscients d'être l'apéritif. Que puis-je dire? A mon avis —je suis groupie déclaré— ils ont largement satisfait leur rôle d'invités de luxe. Leur courte performance nous a laissé aux adeptes un goût de trop peu, mais quand même un bon goût aux spectateurs qui ont assisté massivement à l'appel de Scorpions.
Le répertoire des suédois a fluctué avec maitrise entre les classiques qui leur rendirent célèbres il y a trois décades et les nouvelles compositions de leur dernier album War of Kings. Malgré le temps écoulé entre les thèmes, ils ont réussi d'une part à être fidèles à leur style et d'une autre part avoir une sonorité actuelle. Ils ont justement commencé avec le thème qui intitule le disque, 'War of Kings', une espèce de thème sombre qui mélange l'épique "marque maison" et le ton grunge de groupes genre Alice in Chains ou Soundgarden.
Les suédois ont réussi d'une part à être fidèles à leur style et d'une autre part à avoir une sonorité actuelle
Par la suite ils ont joué la deuxième chanson du disque, 'Hole in My Pocket', affirmant leur solidité dans ce nouveau travail de studio. Je ne peux pas l'écouter sans me souvenir de 'Scream of Anger', qui était aussi le deuxième thème de Wings of Tomorrow (Epic Records, 1984), compte tenu des 31 ans de différence. Peut-être la voix de Joey Tempest a perdu la clarté privilégiée d'autrefois, mais par contre elle a gagné en rage et en blues, dont 'Praise You' en est un exemple, parmi d'autres thèmes du dernier disque.
C'était le moment de 'Superstitious', un des thèmes les plus commerciaux de leur carrière, éloignée de leur son hard rock de leur début pour essayer d'allonger, avec le lointain Out of This World (Epic Records, 1988), le succès international de leur album précédent, The Final Countdown.
Ensuite, répétant la formule, ils ont joué 'Ready or Not', qui appartient aussi à ce disque de 1988. Après cela nous sommes arrivés à la moitié de leur performance. Le moment du premier grand single de la soirée, la balade 'Carrie' laquelle, étant possiblement la deuxième chanson la plus connue du groupe, a été chantée par de différentes générations. Dans ce cas, jeunes, moins jeunes et quinquagénaires nous avons accompagné Tempest aux refrains.
Le groupe en a profité pour placer deux thèmes récents, plus lourds et "modernes"; ce sont 'Last Look at Eden' et 'Days Of Rock`n Roll'. Mais convenablement intercalés entre 'Rock The Night', nouveau single et grand classique de 1987.
Et pour l'inévitable finale, qui commençait par le classique son grave et oscillant du disque, 'The Final Countdown', le super succès de Europe par excellence. Impossible ne pas chanter avec eux depuis le premier couplet jusqu'à une finale qui devait être un fade out infini comme dans l'album, mais qui dans ce cas finissait d'une façon alternative, marquant la fin du concert. C'était dommage car nous aurions voulu en avoir davantage.
Et c'était le moment du plat de résistance, Scorpions, qui se montrèrent en pleine forme, avec toute la voix et le punch de toujours.
Le groupe allemand reste toujours un vrai spectacle sur scène
Les allemands partaient avec une scénographie mieux utilisée, plus d'éclairage, une passerelle, un public inconditionnel… Malgré le son, qui n'était pas à la hauteur, ne serait ce que dans les zones de Le Zénith par lesquelles nous avons bougé. Mais, malgré tout, le groupe a tout apporté pour offrir un grand concert, pour fêter leur 50 ans de carrière. Ils ont commencé sur les traces de Europe, avec le thème qui ouvre leur dernier disque, hard rock au parfum "zeppelien" intitulé 'Going Out With A Band', de Return to Forever (Sony Music, 2015).
A la suite d'un répertoire déjà connu dans des concerts précédents, c'était le tour des premiers thèmes des années 80, 'Make It Real' et 'The Zoo'. On dirait que le public de Toulouse connaissait par coeur tous les thèmes de Animal Magnetism (Harvest Records, 1980), ou tout au moins ceux deux là ... D'une autre part,Schenker et Kottak commençaient à faire des siennes, "s'aimant" depuis le premier moment et montrant qu'ils continuent d'être un vrai spectacle sur scène.
Le rock ne s'arrêtait pas et, après 'Coast To Coast', ils ont sorti de leur chapeau le premier pack de chansons de la soirée, à la façon de "grands succès" qui ont mis le sourire sur le visages des spectateurs. Ces allemands savent comment amortir le prix des tickets pour leurs supporters. C'était le meilleur moment pour sortir de leur chapeau une des nouvelles chansons, 'We Built This House' laquelle, bien qu'elle n'ait pas été très reconnue, n'a pas détonné en ce moment du show.
Tout n'a pas été du hard rock, ils ont aussi trouvé le moment pour une petite pause acoustique
La nuit était propice pour les métalleux de noble souche mais Scorpions ont aussi une bonne réputation par leurs ballades et c'était là le bon moment pour une petite pause acoustique. Nous parlons des versions intimes de 'Always Somewhere', 'Eye of thé Storm' et 'Send Me an Angel' (à nouveau sur le format "groupé") et l'impérissable 'Wind of Change'. Malgré le changement de direction, on pourrait dire qu'à aucun moment le rythme et le dévouement n'ont défailli, ni côté groupe ni côté public, qui a accompagné avec enthousiasme chaque refrain et devenu protagoniste quand les musiciens ont cessé de jouer pour écouter seulement les choeurs.
Mais n'oublions pas que c'était un concert de rock à l'ancienne mode et tout le monde sait que les meilleurs thèmes il faut les réserver pour la fin, pour bien être comme il faut. Ce fut le tour de 'Rock N'Roll Band', une nouvelle chanson qui sonne classique et, surtout, 'Dynamite'.
Kottak nous a flatté l'oreille avec un de ces solos de batterie qui ne lasse jamais
Le rythme s'accélérait jusqu'au moment où James Kottak est devenu le seul protagoniste et nous a flatté l'oreille avec un de ces solos de batterie qui ne lasse jamais. Estrade élevée au ciel, fumée, et de la classe, grande classe. L'américain de 52 ans montrait qu'il est capable de maintenir l'attention de milliers de gens pendant de longues minutes rien qu'avec son adresse avec les baguettes… Et bien sûr, un grand charisme. Il s'est même décidé à utiliser le français mais là il devrait pratiquer un peu plus.
A partir de là , le vent sur le dos … avec quatre chansons qui sont l'enseigne du groupe: 'Blackout', 'Big City Nights', 'Still Loving You' et 'Rock You Like A Hurricane'. Impossible de se résister à cette explosion d'énergie et rock and roll d'un groupe qui, après 50 ans, en a encore pour un moment.
Europe
- 1.- 'War of Kings'
- 2.- 'Hole in My Pocket'
- 3.- 'Superstitious'
- 4.- 'Ready or Not'
- 5.- 'Carrie'
- 6.- 'Last Look at Eden'
- 7.- 'Rock the Night'
- 8.- 'Days of Rock 'n' Roll'
- 9.- 'The Final Countdown'
Scorpions
- 1.- 'Going Out With a Bang'
- 2.- 'Make It Real'
- 3.- 'The Zoo'
- 4.- 'Coast to Coast'
- 5.- 'Top of the Bill' / 'Steamrock Fever' / 'Speedy's Coming' / 'Catch Your Train'
- 6.- 'We Built This House'
- 7.- 'Delicate Dance'
- 8.- 'Always Somewhere' / 'Eye of the Storm' / 'Send Me an Angel'
- 9.- 'Wind of Change'
- 10.- 'Rock 'n' Roll Band'
- 11.- 'Dynamite'
- 12.- 'In the Line of Fire'
- 13.- 'Kottak Attack'
- 14.- 'Blackout'
- 15.- 'Big City Nights'
- 16.- 'Still Loving You'
- 17.- 'Rock You Like a Hurricane'
Texte: Alex Belencoso / Traduction: Félix Belencoso / Photographie: Triana Moreno Berzosa
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